jeudi 30 avril 2009

AU SERVICE DE LA TERRE

Les parutions sur la traction animale se multiplient dans les pages de nos magazines préférés. (cf : Cheval Santé-février, Cheval Magazine-avril) Ne manquez sous aucun prétexte le Hors Série N° 2 du magazine Sabots. Il décrit admirablement la traction animale au service de la terre et donne la parole à ses plus fervents acteurs. Comme toujours, les photos de Jean-Léo Dugast mettent parfaitement en valeur cette fresque moderne.


Hors Série N° 2

Cheval Magasine du mois d'avril

PROSPER le bienveillant
"C'est l'histoire d'une rencontre complètement improbable : celle d'un jeune publicitaire, parisien jusqu'au bout des ongles, et d'un jeune percheron élevé en Bourgogne, rural jusqu'au bout des sabots. Tout remonte à 2005 : Oronce de Beler décide de quitter l'enfer urbain pour aller vivre dans les vignes. Il fait une formation de responsable d'exploitation agricole durant laquelle il est initié au labour des vignes avec un cheval, pratique qui avait quasiment disparu. Et, alors qu'il n'avait jamais approché un équidé de toute sa vie, il décide de se lancer dans cette activité. Son formateur lui présente alors Prosper, un jeune percheron de 2 ans. C'est le coup de foudre immédiat. Instinctivement, Oronce pressent que Prosper sera le compagnon idéal. Marché conclu. C'est le point de départ d'un apprentissage commun qui va durer deux ans. Oronce apprend à Prosper le travail délicat de la vigne et Prosper apprend à Oronce... les chevaux !

Une relation construite
Car, dans les premières heures de leur aventure commune, Oronce avait tout simplement peur d'aller chercher Prosper au pré et de lui mettre son licol. Peur de prendre un coup de pied de ce cheval fort et imposant. Sauf que... Prosper est la douceur même. "Il est très proche de l'homme, calme et affectueux, comme souvent les percherons. Mais Prosper est aussi très sensible, et même très propre sur lui" En effet, le colosse est délicat : on le voit toujours observer avec attention où il va poser ses sabots, il est toujours impeccable même au sortir du pré. Pas le genre à ce rouler dans la gadoue. Très vite, il apprivoise Oronce, complètement séduit par son "collègue". "Prosper est une perle. Il m'a pardonné toutes mes erreurs. Pour moi, Prosper, c'est un homme. L'intelligence brille dans ses yeux. Soncaractère est très humain, très subtil. Entre lui et moi, il y a de la télépathie. Le pouvoir, c'est lui qui l'a. Quand je vais le chercher le matin dans son pré, il arrive au galop. C'est lui qui décide de venir à chaque fois, et il sait que c'est pour travailler. Et quand je suis particulièrement stressé, il éprouve de la compassion !" Car Prosper est du genre à profiter de sa réputation de grand calme pour... se hâter doucement. Il faut parfois qu'Oronce lui demande trois fois d'avancer pour qu'il daigne obtempérer. Mais les jours où Oronce est préoccupé, c'est à peine si Prosper ne devance pas les instructions de son compagnon bipède...

Un duo gagnant
Prosper partage un immense pré de six hectares à Vosne-Romanée, région Bourguignonne réputée pour ses vignobles prestigieux, avec deux autres chevaux, Quarto et Théo. Le premier a été sauvé de la boucherie. Le second est un jeune poulain. Tout deux sont en apprentissage pour, à leur tour, réaliser le délicat travail de labourer des vignes dont le moindre pied vaut une fortune. Prosper est un peu leur grand frère. Calme et bienveillant, il ne leur pique jamais leur nourriture, ce qui n'est pas le cas des deux autres cabotins ! Avec son épais et beau poil d'hiver, Prosper n'a pas froid dans ce grand pré, habitué aux frimas de l'hiver. Avec son maître, il laboure les plus grands domaines vinicoles bourguignons 180 jours par an. Pour mener à bien son travail, Oronce a même inventé des charrues, sortes d'hybrides entre les charrues des années 40 et celles des années 60. Une affaire rondement menée par le duo : les domaines du coin s'arrachent leurs services. Certains des plus réputés offrent à Oronce leurs raisins en échange de son labour. Avec cette récolte, Oronce a crée son vin. Poète à ses heures perdues, il est intimement convaincu que Prosper a mis, lui aussi un peu de son âme dans ces cuvées rares. Et depuis, l'homme qui n'avait jamais approché un cheval ne peut plus imaginer de vivre sans le sien. "Où que j'aille, je l'emmènerai toujours avec moi"
Texte et Photos : Florence Leray, avec Cécile Plet

dimanche 26 avril 2009

35 Kilogramme-Forces

Un kilogramme-force équivaut à la force d'attraction de la Terre sur une masse d'un kilogramme et vaut environ 9,8 newtons. Physiquement surement très intéressante, cette définition a-t-elle sa place sur notre forum ? Et bien plus que jamais, car cette règle nous suit tout au long de la conception d’un nouvel outil à traction animale. Elle reflète la philosophie et l’approche des outils EQUIVINUM.

Le kilogramme-force, aussi appelé kilogramme-poids est une ancienne unité de force, n'appartenant pas au système international, qui relie les notions de masse et de poids. Remplacée aujourd’hui par le Newton cette mesure nous intéresse au plus au point. En effet le fabriquant et les utilisateurs d’outils à traction animale doivent impérativement maîtriser cette notion.

Il convient de comprendre l'importance de cette règle car nos chevaux ont un potentiel de traction énorme. Votre cheval, en bonne santé et dans la force de l’âge, peut pendant 15 secondes fournir une force maximale d’une valeur égale à son poids. Une tonne de traction, ça fait rêver, non ? Mais ça ne doit pas faire rêver un concepteur de charrue à traction animale. La seule unité qui nous intéresse ici correspond à la valeur du Cheval Vapeur. Vous savez la mesure qu’il y a marquée sur la carte grise de votre voiture, tracteur, tondeuse, compresseur, etc. Et bien cette unité qui mesure la puissance maximale de nos chers moteurs à explosion est tout simplement la force moyenne développée par un cheval, 7 heures par jour, 6 jours par semaine et 52 semaines par ans. Cette force est d’environ 35 kg. Vous aurez compris, entre la charge moyenne d’utilisation journalière d’une charrue et le record dont sont capables nos chevaux de trait, il n’y a qu’un pas. Un pas, si facile à faire lorsqu’on est derrière son poste à souder avec plein d’innovations dans la tête. La traction animale a été abandonnée pendant seulement 30 ans, sachons ne pas oublier les règles de mesure qui elles, n’ont pas été abandonnées.

Le cheval est un être vivant que l’on ne traite pas comme une machine si l’on veut une traction animale productive. Car la principale différence entre la machine et le cheval est le mental de ce dernier. Ce mental qui en fait sa force, sa réactivité, sa polyvalence peut constituer aussi sa plus grande faiblesse. Dépasser 35 à 45 kilogramme-force, c’est à coup sûr compromettre la volonté de votre meilleur compagnon de travail. En agriculture, traction animale, rime avec mental !

1 kilogramme-force = 9,806 65 newtons;
1 newton = 0,101 972 kilogramme-force.
Aujourd’hui dans la fabrication de nos différents outils on utilise comme mesure de traction le décanewton (10 newtons).

Le palonnier avec ressort amortisseur de traction permet de réduire les piques de forces et ainsi réduit la force moyenne.

Le ressort de compression de ce palonnier est fabriqué sur mesure pour le travail des sols. Nous voyons ici le ressort se comprimer sans toutefois être en butée.

vendredi 24 avril 2009

Assemblée Générale de la FECTU


Cette Assemblée s'est déroulée les 28 et 29 mars 2009 à Villers sous Chalamont chez Jean-Louis Cannelle où s'est rassemblé l'ensemble des associations de traction animale européenne.


Discussion soutenue autour du porteur réalisé par Bernard Michon.


Une manifestation sous le signe du soleil

Un porteur ancien mais toujours utilisé par Jean-Louis Cannelle

Equivinum était aussi là pour présenter l'ensemble de la gamme "viticulture"


Réunion studieuse traduite en 3 langues (Anglais, Français et Italien)


Photo de groupe cloturant cette enthousiaste Assemblée Générale.

Création
La FECTU a été fondée le 1er novembre 2003 au Luxembourg par sept associations de différents pays européens qui ont signé les statuts lors de l’assemblée constituante

Son but
"La fédération européenne a pour objet d’encourager la coopération des organisations qui s’engagent en Europe pour la défense et l’utilisation des chevaux et autres animaux de trait, de représenter dans le cadre des statuts l’ensemble des organisations membres, de promouvoir et de défendre leurs intérêts communs dans le respect de l’autonomie et des particularités de chaque association membre. Elle participera ainsi à la sauvegarde d’un patrimoine européen et à la promotion de méthodes de travail et d’activités de loisir respectueuses de l’animal, de l’homme et de son environnement. Elle appuie toutes les initiatives des associations membres qui cherchent à promouvoir et à rendre plus efficace l’utilisation des animaux de trait et à garantir voire améliorer le bien-être de ces derniers."

Contact

vendredi 10 avril 2009

Cheval Magazine avril 2009

Prosper remercie le magazine Cheval Magazine pour son article dans le numéro d'avril.


N'hésitez pas à retrouver les aventures de Prosper dans le Cheval Magazine du mois d'avril !

lundi 6 avril 2009

Démonstration de labour à cheval dans le vignoble Zind Humbrecht

"Ce Dimanche 15 Mars a eu lieu à Turckheim, dans le grand cru Brand et dans une parcelle Zind Humbrecht une démonstration de labour au cheval.C'est dès 9h30 que quelques vignerons, agriculteurs et curieux comme moi (euh ...je devais être le seul curieux) se sont retrouvés autour de Kitty, la jument que prépare Fabien Cailleaud qui s’occupe des chevaux sur le domaine Zind Humbrecht, lequel avait organisé cette journée.Lorsque j'arrive, Fabien Cailleaud discutait avec le bourguignon Oronce de Beler, patron d'Equivinum, le seul fabricant de matériel de labour à cheval en France à ce jour et qui soit spécialisé dans le travail de la vigne.
Oronce conçoit l'ensemble du matériel de A à Z, et en fabrique lui-même la quasi-totalité. Après avoir préparé la jument, Fabien fit un ferme "yup' " et d'un coup à gauche et hop on monte sur le Brand, le "vrai" Brand, ici nous nous arrêtons à mi-pente dans le virage (repérez le panneau Brand) où se trouve une parcelle Zind Humbrecht (repérez la borne du domaine). On retrouve là haut d'autres vignerons, je reconnais Claude Weinzorn ou encore Michel Ginglinger. Là commence la démonstration, au début un peu fébrile pour la jument starisée pour l'occasion, en effet elle n'a certainement jamais vu autant de monde autour d'elle pendant qu'elle travaille. Par rapport à un travail de la terre à cheval en plaine, la vigne en coteau présente certaines difficultés qu'il n'est évidemment pas aisé d'appréhender. Ainsi le matériel (socs notamment) que fabrique Oronce présente-t-il des différences par rapport au matériel d'un travail en plaine.
En tout cas, le labour à cheval ne s'improvise pas, on l'a vu ce Dimanche sur le Brand, et il est bien dommage que nous ayons entre temps perdu les techniques, et c'est là tout un savoir-faire à reconstituer. En bref, et partant du principe que la vin est dans le raisin, c'est à dire dehors, dans le coteau, un travail de vigne qui recherche le respect du terroir viendra à se tourner vers le cheval de trait. En effet cette méthode est bien plus douce et respectueuse de la terre, car les moyens conçus pour le travail de la vigne "traditionnel" sont "violents" et en fait inadaptés. Même en tant qu'amateur, on ressent la "douceur" de la méthode vis à vis de la terre et de l igne. Une bien enrichissante expérience que cette échange, même si bien des questions que je n'ai pu poser restent ouvertes."
Merci à Éric ( http://riesling.over-blog.com/article-29063368.html) pour le texte, à Fabien Cailleaud pour l'organisation et mon invitation, à tout les membres, sympathiques et chaleureux, du syndicat de éleveur du Trait du Haut Rhin (http://www.chevaldetrait68.org/), et au soleil de nous avoir honoré de sa présence!!!

Force de la Nature, 2ème étition


Jean-Léo Dugast, notre infatigable globe-trotter&photographe, qui suit depuis de nombreuses années la race Percheronne (http://percheron-international.blogspot.com/) et maintenant la traction animale dans son ensemble, nous prévient que son très beau livre est édité pour la seconde fois. Utile comme cadeaux d'anniversaire ou comme recueil d'infos sur cette magnifique activité qu'est le débardage à cheval, je vous laisse vous faire l'écho de cette belle aventure.

Merci Jean-Léo!


Blog Percheron International, 4 avril 2009

"Le livre sur le débardage au cheval "Forces de la Nature" -qui dresse le portrait actuel de cette activité en France- vient d'être réédité.
Pour ce genre de livres très "pointus", il n'est pas toujours facile de rencontrer "ses" lecteurs. Aussi, si vous connaissez des gens susceptibles d'être intéressés (forestiers, agriculteurs, hommes de chevaux...), n'hésitez pas à faire passer l'information.
Le moyen le plus rapide de se procurer ce livre est de se connecter au site de l'éditeur http://www.editions-etrave.fr/
Vous y trouverez le bulletin de commande et les informations pour commander l'ouvrage.
Forces de la Nature
(textes & photos Jean-léo Dugast)
Editions de l'Etrave, Le Fresne, 61110 Verrières
Tél : 02.33.85.42.20.
E-mail : editionsletrave@orange.fr

mercredi 1 avril 2009

Cheval Santé n°60 février-mars 2009

Merci à Emmanuelle THOMAS pour son bel article dans le numéro de février - mars de cheval santé


"Travailler au rythme du cheval"

"Oronce de Beler laboure les vignes à cheval en Bourgogne. Cette activité demande aux chevaux de trait de l'endurance et de la précision.

Pourquoi utiliser le cheval dans les vignes ?
Le labour de la vigne permet d'aérer et de décompacter le sol. Il oblige les racines de la vigne à descendre et à exploiter au mieux "le terroir". Il vise aussi à réguler l'enherbement, qui peut pénaliser le rendement des vignes. Le cheval est utilisé dans les vignes difficilement accessibles par les engins viticoles. La traction équine à par ailleurs un réel intérêt agronomique : celui de ne pas tasser les sols. Les études menées à l'Inra montrent qu'en moyenne un sol travaillé avec un cheval est quatre fois moins tassé qu'un sol labouré mécaniquement. Le poids d'un cheval de trait de gabarit moyen est inférieur à un tracteur, et il n'est pas appliqué en continu mais pied par pied. Quant à l'outils de travail du sol, il est toujours derrière le cheval.

Quelles sont les caractéristiques d'un bon cheval de labour ? Existe-t-il une race plus adaptée qu'une autre ?
Il s'agit avant tout de choisir des chevaux avec un bon mental, calmes. Ils doivent en effet travailler souvent en bords de route, dans un milieu où circulent des tracteurs, ou même des hélicoptères. Le travail demandé est assez précis : les rangs sont serrés et il faut faire attention aux fils de palissage de la vigne, aux poteaux et bien sûr aux ceps de vigne. Morphologiquement, il est préférable d'avoir des chevaux au dos plutôt court de façon à tourner facilement entre les rangs de vigne. En Cote d'Or, l'écartement entre chaque rang de vigne est généralement de 1 m, voire 90 cm. Idéalement ce sont des chevaux trapus, de gabarit moyen, avec une allure lente, mais endurants. En ce qui me concerne je travaille avec un percheron. Dans la région, les deux races dominantes sont les trait auxois et le comtois.

Quel est le rythme de travail ?
Au cours de la pleine saison des labours, c'est-à-dire de novembre à juillet, je travaille avec mon cheval six heures par jour, 6 jours sur 7. Avec des pauses bien sûr, mais elles ne se font pas régulièrement, mais plutôt en fonction des besoins du cheval. Quand je vois qu'il ralentit, je fais une pause. Labourer la vigne est assez physique pour le cheval. Pas forcément en termes d'effort de traction : à ce niveau il est plutôt en sous régime, mais plutôt en termes d'endurance. C'est un travail moins physique que le débardage par exemple. A noter que le labour est dépendant des conditions météorologiques : quand il pleut ou quand le sol est trop détrempé, on ne travaille pas pour ne pas abîmer et tasser le sol.

Comment gérez-vous l'alimentation ?
Mes chevaux sont au pré toute l'année, avec un abri à disposition. L'alimentation est le point le plus important pour un cheval au travail. Elle est adaptée à l'effort fourni. En période de travail, je donne un mélange de céréales (50 % d'orge aplatie, 30 % d'avoine aplatie, et 20 % de maïs floconné), dans des volumes variant de 8 à 12 l. J'adapte l'alimentation avant le début du travail. Après une période creuse, si je dois travailler le lundi, je commence avec 2 l le vendredi et le samedi, puis 6 l le dimanche, et le lundi, jour de travail, je le nourris avec 4 l le matin, 4 l après le travail et 4 l le soir. Pendant la période de repos (août - octobre), je stoppe l'apport de céréales, sauf si l'état du cheval le nécessite. Le seul complément à l'herbe est constitué par du foin pendant cette période.

En termes de santé, quels sont les points auxquels vous attachez le plus d'importance ?
Je fais un check-up lors de chaque pansage. Je vérifie notamment si les tendons sont chauds. Les boiteries sont assez rares chez les chevaux laboureurs. Il faut faire attention aux problèmes de fourbure mais aussi à la piroplasmose. Pendant le labour, le principal souci : les taons ! Une vraie calamité malgré l'emploi de produits répulsifs. Après le travail, notamment en été, je douche mon cheval, au moins sur les membres, généralement chez les vignerons.

Disposent-ils d'une ferrure adaptée ?
Non, ce sont des chevaux qui usent peu leurs fers, car ils évoluent peu sur des terrains durs. Les trajets entre le lieu de travail et le "domicile" sont effectués en van. Une fois dans les vignes, le sol des parcelles est parfois caillouteux et durci, mais ce n'est pas du bitume. La ferrure des chevaux laboureurs est classique, et plus posée pour des questions de facilité d'entretien. En ce qui me concerne je fais un essai "sans fer" avec Prosper, cela ne pose pas de souci mais demande un suivi régulier avec un coup de râpe tous les 2 à 3 jours. C'est un choix personnel."
PROPOS RECUEILLIS
PAR EMMANUELLE THOMAS
CHEVAL SANTE N°60. FEVRIER-MARS 2009